La banquière en coupé-décalé

La banquière c’est sûr, elle a déjà réglé ses obsèques. Elle est là, toute moisie, toute puante derrière son bureau Ikéa. Je suis encore en retard mais j’arrive même pas à m’excuser tellement je me sens mal : l’atmosphère fausse et froide, les néons, les prospectus, la thune sans thune partout. Bref moi si je rapplique dans une banque c’est juste pour avoir de la thune justement.

« Voilà, j’ai besoin de 7000 euros madame Harpagon s’il vous plait, oui je sollicite ce prêt chère madâââme pour… »

Ce qui est bien avec un prêt, c’est que si on meurt, c’est couvert. Cela signifie qu’il faut profiter à mort de la vie, non ? Moi, j’ai décidé de m’offrir un camion aménagé, j’ai trouvé un poids lourd multicolore. Il m’a tout de suite fait rêver. Je me suis vue aventurière en Ouzbékistan avec mon fier Artaban.

Dans le bureau, pas une fenêtre. Je me demande comment cette femme peut supporter d’être assise pendant 8 heures dans ce bureau, une cellule en fait. Ah ! Mais non ! Dans une cellule, il y a forcément ne serait-ce qu’une fente ! La banquière se trouve donc dans un endroit pire qu’une cellule, toute la journée ! Mais pourquoi fait-elle cela ? Sans doute parce qu’elle a des prêts à rembourser ! Ah ! Mais si j’emprunte moi aussi, alors ça veut dire que je vais connaître la misère quelque part ! Riche un instant, esclave 100 ans ?!

Adios les horaires, je prends la clé des champs, comme avant, quand je courais dans la poussière ensoleillée vers les temples des divinités hindoues !

Ah ! Mais non ! Il faut rembourser avant !

Bref vous l’avez compris, j’en finissais plus de penser et soudain je remis pied dans la réalité :

« Madame Scheele ? Vous allez bien ? prononça-t-elle idiotement, la malheureuse !

– Je…Je dois partir tout de suite ! Excusez-moi madame ! Je dois partir ! Je peux pas rester là, c’est l’enfer… »

La banquière m’a regardée avec une petite mine offusquée et m’a redemandé un peu stupidement ce qui se passait…Je n’ai pas pris le temps de lui répondre car je n’avais désormais plus qu’une hâte en tournant la poignée de la porte de sa cellule : me retrouver à l’air libre, sous le ciel bleu, et respirer l’air pur !

                                                                                                                                                                     AS

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